Le hussard by Perez-Reverte

Le hussard by Perez-Reverte

Auteur:Perez-Reverte [Perez-Reverte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 9782020679855
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1983-01-03T02:08:30+00:00


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Frédéric se sentait épuisé, comme si un escadron de cuirassiers lui avait galopé dessus. Les hussards s’appelaient sous les arbres, et ils se rassemblèrent en commentant avec animation les péripéties de l’escarmouche. Quatre ennemis avaient été rattrapés et tués ; les hussards ne faisaient pas de quartier, et encore moins quand il s’agissait de francs-tireurs. Les Espagnols le savaient, et ils n’avaient même pas tenté de se rendre : ils avaient été sabrés en fuyant ou en se défendant. Un Français, le hussard aux longs favoris qui, quelques heures plus tôt, avait accompagné Frédéric dans sa reconnaissance du village, chevauchait lentement entre deux camarades qui le soutenaient sur sa selle. Il se cramponnait à la crinière de son cheval, plié en deux par la douleur, le visage crispé et mortellement pâle. Il avait reçu un coup de navaja dans le ventre.

En sortant du bois de pins, Frédéric n’avait pas encore entièrement repris ses esprits, et quand un hussard le félicita pour le coup avec lequel il avait abattu le premier Espagnol – « Un coup de sabre superbe, mon lieutenant… Vous l’avez presque coupé en deux » –, il regarda son interlocuteur sans comprendre de quoi il parlait. Il ne pensait qu’à ce qu’il allait dire à Dembrowsky quand celui-ci, avec son regard froid comme de la glace, lui demanderait comment il s’était laissé surprendre aussi stupidement en manquant à sa mission qui était de veiller sur la sécurité de la colonne. Même si les assaillants avaient été poursuivis et tués, cela n’effaçait pas le fait d’être tombé dans une embuscade.

Ensuite, quand ils se furent réunis au reste de la colonne et qu’il vit la manière dont les soldats de l’infanterie l’entouraient en poussant des vivats, il se rendit compte qu’il tenait encore à la main le sabre nu et que celui-ci, sa botte droite et la croupe de Noirot étaient tachés du sang du franc-tireur. Il se dirigea vers Dembrowsky pour lui faire son rapport, et ce dernier, au lieu de reproches, lui adressa un rapide sourire. Frédéric en resta stupéfait : Dembrowsky lui avait souri ! Jusqu’à cet instant, il n’avait pas pris conscience qu’il avait tué son premier ennemi au cours de son premier combat. Et, soudain, il rougit de fierté.



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